La Mort d'un Légat

Introduction

Le présent scénario s’inscrit dans le cadre d’une Saga ayant pour toile de fond la croisade lancée contre les Cathares du Sud de la France par le Pape Innocent III au début du XIIIe siècle. L’événement déclencheur de cette croisade fut l’assassinat du légat du Pape, Pierre de Castelneau, au matin du 14 janvier 1208 alors qu’il venait de traverser le Rhône. Le Pape tint le comte Raimond VI de Toulouse responsable de l’assassinat qui aurait été perpétré par un des hommes du comte qui se serait ensuite réfugié à Beaucaire. Que cette accusation soit ou non fondée, elle servit en tout cas de détonateur, le Roi de France acceptant ensuite, fût-ce du bout des lèvres, de soutenir la croisade exigée depuis longtemps par le Pape.

S’agissant d’un événément historique d'une importance centrale pour cette période, ce scénario a pour but d’y associer étroitement les personnages. Dans ma Saga, l’un des compagnons, Ronald, demeure lié à l’Alliance de Bellaquin, proche du comte de Toulouse. L’une des membres du triumvirat de Bellaquin, Priscilla de Jerbiton, lui demande d’escorter le comte de Toulouse jusqu’à Saint-Gilles où il doit rencontrer les légats du Pape et plaider pour que son excommunication soit levée. Priscilla craint en effet pour la vie du comte en raison d’une prophétie lue dans la Tapisserie magique de Bellaquin (décrite dans le supplément Les Alliances). Au cours du voyage, le comte doit faire face à des difficultés croissantes causées par les êtres féériques qu’il a offensés en favorisant le défrichement de la forêt de Sadrissel, au sud de Toulouse. La menace ne vient cependant pas de là : Jérôme de Bonisagus, un Mage corrompu par le satanisme et l’ennemi des personnages, prend le contrôle d’un jeune homme de la suite du comte et provoque ainsi l’assassinat du légat. Les personnages, tout occupés qu’ils sont à résoudre les difficultés provoquées par le changelin, assistent, impuissants, à l’assassinat du légat.

Le scénario devrait pouvoir être joué sans les liens des personnages avec Bellaquin, il ne doit en effet pas être très compliqué de les faire se joindre à l’escorte du comte jusque Saint-Gilles. Quant à Jérôme, il n’est même pas essentiel au déroulement du scénario : l’assassin du légat peut avoir été guidé par la colère sans qu’un sataniste ne soit là-dessous. En revanche, il paraît plus difficile de sortir entièrement le scénario du contexte historique de l’assassinat du légat, sauf à en faire une simple aventure « policière » où les personnages enquête sur les mystérieux événements qui se produisent au cours de leur voyage en compagnie d’un noble puissant qu’ils sont chargés de protéger.

Pour la rédaction de ce scénario, je me suis basé sur les sources suviantes :

  • M. Roquebert, L’épopée cathare. I. L’invasion 1198-1212, s.l., Perrin (Tempus), 2006 (1ère éd. 1970 ayant obtenu le Grand Prix d’Histoire de l’Académie française), 848 p., spéc. pp. 303-315
  • L. Macé, Les comtes de Toulouse et leur entourage. XIIe-XIIIe siècles. Rivalités, alliances et jeux de pouvoir, Toulouse, Editions Privat, 2003, 445 p.
  • E. Brasey, L'univers féérique, Paris, Pygmalion, 2008, 863 p., spéc. p. 329 et s. (à propos des sirènes et ondines)
  • Jacques de Voragine, La légende dorée, ouvrage du XIIIe siècle, à propos de la vie de Saint Jérôme

La requête de Priscilla

Janvier 1208. Alors que les personnages s’apprêtent à quitter Doïsseteppe à l’issue du Dernier Tribunal, Priscilla vient trouver Ronald et en appelle à sa loyauté. Elle l’informe que juste avant son départ de Bellaquin, la tapisserie magique représentait le comte de Toulouse en discussion animée avec un légat, le menaçant du doigt, et dans l’ombre, derrière lui, un homme armé d’une épée, prêt à frapper. (En réalité, la position de l’homme signifie que c’est un homme du comte de Toulouse, non qu’il va frapper celui-ci; car c’est le légat la victime). Priscilla s’en serait bien occupée elle-même, mais compte tenu de l’issue du Tribunal, elle a décidé de gagner immédiatement la cour du Roi de France pour tenter d’éviter la croisade; du reste, et toujours compte tenu de la décision du Tribunal, elle se sent surveillée et ne souhaite pas intervenir ostensiblement dans les affaires du comte Raimond. Elle décide dès lors d’envoyer Ronald pour se mêler à l’entourage de celui-ci et veiller à sa sécurité au cours de son voyage jusqu’à Saint-Gilles où il doit justement rencontrer les légats. Au passage, elle glisse que Saint-Gilles est à la fois un lieu de pèlerinage important, un port extrêmement prospère au carrefour de l’Orient et de l’Occident, et un lieu réputé pour les puissants êtres féeriques qui vivent à ses abords.

En réalité, l’homme aperçu sur la tapisserie n’est autre que Thibault de Beaucaire qui, à l’instigation de Jérôme, assassinera le légat Pierre de Castelneau, précipant la croisade contre le Midi et, ainsi, contre l’Alliance des personnages.

Le départ de la chevauchée

Les personnages ont tout juste le temps de faire un crochet par leur Alliance avant de mettre le cap sur Bellaquin où le comte de Toulouse a fait étape avec son entourage. Celui-ci se compose d’une vingtaine de personnes, essentiellement des hommes nobles de diverse importance; il comprend en particulier :

  • Thibault de Beaucaire, un jeune homme fougueux qui connaît bien la vallée du Rhône. Il est prompt à la colère et à l’emportement, et c’est justement sur cette corde que Jérôme jouera pour provoquer l’assassinat. Il peut notamment apprendre aux personnages que Saint-Gilles est renommée pour les étranges apparitions de femmes sur le Rhône, le plus souvent à la nuit tombée. On dit que ce sont des sirènes qui vivent sur le littoral où elles entraînent les marins malchanceux sous les flots.
  • Raimondet, le fils du Comte de Toulouse, âgé de 10 ans à peine (voy. L. Macé, o.c., pp. 67-70)
  • Rostaing, le connétable du comte, l’un de ses principaux conseillers (L. Macé, o.c., p. 124).
  • Dragonnet le Preux, une brute épaisse (L. Macé, o.c., p. 108)
  • Aldebert de Noves, un légiste formé à Bologne, caricature du juriste pédant, occupant les fonctions de juge-chancelier du Comte (L. Macé, o.c., p. 110)
  • Un changelin, ayant présentement la forme d’un soldat absolument ordinaire. Avant d’arriver à Bellaquin, Raimond a fait halte aux abords de la forêt de Sadrissel, où l’abbé de Saint-Sernin a décidé de fonder un nouveau monastère en défrichant des terres. Malheureusement pour lui, ce sont des terres féeriques, et des événements étranges – lumières dans la nuit, animaux qui parlent, etc. – ont effrayé les moines. Ceux-ci ont dès lors profité du passage de Raimond pour lui demander son appui. Raimond qui a consenti, et a fait stationner toute sa troupe en arme pendant la nuit pour montrer aux moines qu’il ne s’agissait que de « contes de bonne femme ». A un moment, un animal étrange s’est approché, mais les hommes de Raimond l’ont abattu d’une flèche. Les êtres féeriques, prenant peur, ont laissé les moines tranquilles… mais l’un d’eux s’est infiltré par les hommes du comte et est bien décidé à lui faire payer son immixtion dans les affaires des fées. C’est un changelin, et il peut à son gré changer d’apparence. Il réserve quelques bonnes surprises à Raimond et à sa troupe… Si jamais il est démasqué avant la fin, il disparaît et revient sous un autre déguisement.

La mise en garde de Saint Jérôme

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St. Jerome, by Peter Paul Rubens, 1625–1630. Source : Wikimedia Commons.

La troupe a emprunté un passage bien connu, mais s’arrête soudain, perplexe face à un embranchement dans les bois dont le guide n’a aucune souvenance. Raimond rejoint l’avant-garde, et c’est alors qu’on remarque un vieil homme, assis à même le sol au pied d’un arbre, que personne ne semblait avoir jusqu’alors remarqué. A ses pieds ronronne un chat. Ceux qui ont le don de Double Vue croient un instant le voir richement habillé comme un cardinal, y compris avec le chapeau rouge de la fonction, et méprennent le chat pour un lion – lion et chapeau de cardinal étant les attributs de Saint Jérôme; mais, aussitôt, ils ne voient qu’un vieil homme et un très ordinaire chat.

Saint Jérôme : Salut à toi, homme rongé par le doute !

Thibault fait un mouvement menaçant dans sa direction, mais Raimond l’arrête d’un geste et répond : Sais-tu seulement à qui tu t’adresses, vieil homme ?

Saint Jérôme : Pour les hommes ici-bas, tu es le Prince Raimond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, duc de Narbonne et marquis de Provence; mais, pour le Très Haut, tu n’es qu’un homme parmi les hommes, et le plus humble des pécheurs.

Si on lui demande qui il est, il répond : Je fus autrefois un savant, et me consacrai à l’étude des Saintes Ecritures; mais aujourd’hui, je ne suis qu’un simple messager.

Si on lui demande quelle route prendre, il répond que l’homme pieu et juste n’a qu’à regarder dans son cœur pour savoir quel chemin emprunter.

Si on lui demande ce qu’il veut, il répond : Je suis venu t’exhorter, Raimond, à te jeter aux pieds de l’Eglise et à lui demander pardon. Il est encore temps; mais si jamais tu tardes encore, alors tu cours inévitablement à la ruine. Sache qu’il est un homme mauvais qui a juré ta perte et, à travers toi, celle de tout le Midi. Cet homme mauvais, qui porte le même nom que celui que je portais autrefois, s’apprête à te porter un grand coup; mais ce n’est point lui que tu dois craindre, mais toi-même !

Raimond : Que veux-tu dire ? Parle !

Saint Jérôme : Je veux dire que tu trouveras en toi ton pire ennemi. Si tu n’y prends garde, tes craintes, tes hésitations causeront ta chute.

Raimond : Prends garde à ta langue, si tu tiens à la vie !

Saint Jérôme : Je dis que la pire des contradictions te menace. Croyant conserver la paix, tu te refuseras à faire la guerre; mais lorsque tous tes amis seront tombés sans pouvoir compter sur ton aide, alors la guerre fera rage sur tes terres. Tu verras s’effondrer tout ce qui t’est cher, tu boiras la coupe amère de la trahison, tu connaîtras la douleur, l’exil et la mort.

Assez ! s’écrie Thibault de Beaucaire en tirant sa lame; et, sans crier gare, Saint Jérôme disparaît.

Le piège féerique

Avec tout cela, les personnages ne sont pas plus avancés sur l’itinéraire à emprunter. Au passage, ils peuvent observer qu’alors que tout le monde était captivé par l’échange entre Raimond et le vieil homme, un soldat semble n’y prêter absolument pas attention, et est tout entier absorbé dans la contemplation d’une feuille d’arbre. Il s’agit du changelin qui, étant dépourvu d’âme, ne peut tout simplement pas entendre la parole de Saint Jérôme.

L’embranchement est évidemment l’œuvre des êtres féériques, décidés à faire payer à Raimond son intrusion sur leurs terres. Deux chemins sont possibles : l’un accueillant, l’autre sombre et sinistre.

Sur ce second chemin, au moins la menace est claire : plus loin dans les sous-bois, au milieu de la route a poussé un gigantesque arbre maléfique, qui tente d’écraser de ses branches les voyageurs qui passent de part et d’autre de lui. Il n’est pas très rapide, mais redoutable. Le feu, bien sûr, l’effraie, mais quiconque provoque un incendie s’attirera l’inimitié durable du peuple des fées.

Sur le chemin lumineux, au contraire, tout paraît idyllique. Malgré l’hiver, la température est douce et, parvenus au milieu d’une clairière ensoleillée avec en son centre une petite mare, les hommes du comte ont tellement chaud qu’ils se défont de leur vêtements et n’ont qu’une envie, c’est aller se rafraîchir dans l’eau pure. Bien mal leur en prend ! En réalité, toute cette chaleur n’est qu’une illusion (jet de Résistance Magique en Ignem, difficulté 15, pour s’en apercevoir, ou des jets d’Int). S’ils ne prennent pas garde, ils vont tous geler sur place ! (Jets d’Energie pour éviter la perte de Niveaux de Fatigue; en cas d’évanouissement, ils meurent rapidement de froid). Le changelin, bien sûr, montre l’exemple, il est le seul à ne pas souffrir réellement du froid.

La rencontre de Trencavel

Halte à Carcassonne. C’est l’occasion de rencontrer Raymond-Roger Trencavel, vicomte de Carcassonne et de Bézier, neveu de Raimond VI. Les relations ne sont pas vraiment au beau fixe – les deux familles sont rivales depuis des années, et les Trencavel sont maintenant vassaux de Pierre II d’Aragon plutôt que des Comtes de Toulouse – mais les choses se sont calmées depuis la montée au pouvoir de Raimond VI. Trencavel est un jeune homme fougueux au tout début de la vingtaine, il contraste fortement avec le calme Raimond VI. Celui-ci est venu tâter le terrain pour voir si une alliance est possible au cas où la croisade devait se mettre en marche; mais, à ce stade, Trencavel n’est pas chaud, il considère que le problème est principalement le problème de Raimond – après tout, c’est lui qui s’est fait excommunier ! D’un autre côté, son tempérament belliqueux s’accomoderait bien d’un bataille rangée, mais il craint que Raimond n’en profite pour annexer le vicomté.

Un événement va perturber les relations entre les deux hommes. Pendant la nuit, le changelin, assumant les traits et les habits d’Adelbert de Noves, se rend jusqu’aux écuries où il libère tous les cheveaux, tant ceux de Trencavel que de Toulouse, et se dirige vers une des portes des remparts. La sentinelle de garde s’endort sous le sortilège du changelin, et les cheveaux le suivent docilement. Mais Jean le Palefrenier se réveille sous le coup d’une brusque inquiétude pour « sa Neli ». Trouvant l’écurie vide, il l’appelle, brisant le sortilège, celle-ci hennit en retour. La plupart des chevaux se dispersent dans la nature, certains se brisent les pattes en tombant, c’est la pagaille. Au petit déjeuner, Raimond est furieux contre Trencavel, mais les choses s’inversent lorsqu’un homme de Trencavel vient lui parler à l’oreille puis introduit Jean qui accuse Adelbert ! Celui-ci nie en bloc de son ton empoulé, Raimond qui le connaît et lui fait confiance le croit mais il est d’une méchante humeur ! Les cavaliers repartent, avec quelques chevaux de moins que l’on est pas parvenu à retrouver, et les relations encore plus tendues entre le comte et le vicomte. Les personnages parviendront-ils à reconstituer ce qui s’est passé ? Si le changelin menace d’être démasqué, il s’éclipse et se mêlera à quelques marchands qui comptent faire voyage avec Raimond jusque Saint-Gilles.

L’arrivée à Saint-Gilles

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Source : BnF, Français 159, fol. 271v, David dans l'eau, manuscrit des XIVe-XVe siècle.

La rencontre avec les légats est prévue de lendemain soir dans le palais comtal. En attendant, les personnages ont tout le loisir de flâner dans la ville, qui compte parmi l’une des foires les plus grandes d’Europe. On y trouve de tout, des produits venus d’Orients, des étoffes et des métaux précieux, de quoi améliorer significativement la qualité d’un laboratoire, si du moins l’on a les finances nécessaires. On peut même espérer dégoter un objet aux propriétés magiques entre les étals.

En cours d’après-midi, alors qu’ils se mêlent à la foule, les personnages tombent soudain nez-à-nez avec Jérôme, déguisé en simple pèlerin. Celui-ci réprime un mouvement de surprise puis adopte un sourire cynique. S’il apprend que les personnages faisait partie de la troupe de Raimond, il les raille pour s’être mêlé une fois de plus des affaires des vulgaires, malgré l’avertissement donné par le dernier Tribunal. Si on l’interroge sur les motifs de sa venue à Saint-Gilles, il répond hypocritement qu’il n’y a pas lieu de s’étonner de le trouver sur un lieu de pèlerinage; mais qu’en ce qui le concerne, le voyage se termine déjà. Et, effectivement, si on le suit, il se mêle à un groupe de pèlerins qui reprend la direction d’Albi. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit entièrement parti : son familier corbeau continue à décrire des cercles autour de l’enceinte de la ville, pour lui rapporter la suite de son plan.

Car, en réalité, le mal est déjà accompli : Jérôme n’a eu aucune peine à se mêler à la foule des badauds qui se pressent à l’intérieur du palais comtal et, de là, de trouver l’instrument de ses agissements en la personne de Thibault de Beaucaire. Il a invoqué un démon de la colère, qui a trouvé en Thibault, au tempérament déjà fougueux, une proie facile. C’est le démon qui le poussera à commettre le lendemain le crime terrible qui retombera sur son maître.

Alors que Jérôme prend congé, soudain la foule s’agite : on a retrouvé le cadavre d’un homme noyé dans le Rhône. Il s’agit de Rostaing, le connétable du comte (effectivement décédé en 1208 selon L. Macé, o.c., p. 124). En réalité, on interrogeant les gens, on peut reconstituer que le comte, son connétable et un soldat s’étaient promenés aux alentours du port pendant l’après-midi. Au palais, on pourra apprendre aux personnages que le comte avait l’intention de réfléchir avec son connétable à la stratégie à adopter vis-à-vis des légats, et cherchait le calme au bord du Rhône. Le soldat n’est autre que le changelin, qui a profité de l’occasion pour enfin exercer sa vengeance sur le comte : une nef blanche a surgi des flots, et une femme d’une beauté surnaturelle – une sirène féerique – a invité le comte à monter à bord. Le connétable a voulu le retenir, mais alors le changelin l’a poussé à l’eau et il s’est noyé. Le changelin a ensuite pris l’apparence du comte et est retourné au palais, en écartant d’un geste les questions qui lui ont été posées. A ce stade-ci, les personnages ne parviendront pas à trouver de témoin de l’apparition de la nef, à moins qu’ils ne s’éloignent fort du port; mais ils pourront reconstituer l’histoire de la présence du comte. S’ils retournent au palais, ils arrivent juste à temps pour l’entrevue avec les légats.

La confrontation avec le légat

Les légats du pape, Pierre de Castelneau et Navarre, évêque de Couseran (Raoul de Fontfroide étant décédé à l’été 1207), font leur entrée dans la salle de réception du palais. Le changelin a l’air mal à l’aise, il se râcle la gorge comme s’il connaissait mal son texte – après tout, c’est la première fois qu’il incarne un comte ! Heureusement, la rencontre avec Saint Jérôme va lui servir de source d’inspiration : il reprendra mot pour mot, y compris avec l’intonation, les paroles que le comte avait tenues à ce moment-là.

Pierre de Castelneau : Ainsi, mon fils, tu nous a fait mander pour nous supplier de revenir sur l’excommunication que nous avons fulminée. Pouvons-nous espérer trouver en toi un homme rongé par le remords et enfin décidé à embrasser la parole du Christ ?

Raimond : Sais-tu seulement à qui tu t’adresses, vieil homme ?

Pierre de Castelneau : A un pécheur que seule la miséricorde divine a su préserver jusqu’à présent du terrible sort qui l’attend.

Raimond : Que veux-tu dire ? Parle !

Pierre de Castelneau : Je dis que si tu ne fais pas amende honorable, si tu ne t’engages pas à extirper l’hérésie à la racine, à respecter la paix de Dieu, à disperser les routiers aragonais qui te servent d’armée et à observer en tout point les commandements que t’adresse la Sainte Mère l’Eglise, alors tu vas au devant de graves difficultés !

Raimond : Prends garde à ta langue, si tu tiens à la vie !

Pierre Castelneau : Il suffit ! Il n’était pas nécessaire de nous faire mander, si c’était pour nous tenir pareil langage. Nous quitterons la ville sans attendre, plus rien ne nous retient ici.

Les légats se retirent sans que le comte ne tente de les retenir; son entourage est atterré, mais le comte semble quant à lui plutôt satisfait de sa performance. Si les personnages n’ont toujours pas compris, Raimondet s’aperçoit rapidement que ce n’est pas son père, il le traite étrangement. C’est le moment pour les personnages d’interroger le changelin, qui pourra les mener jusqu’à la rive où est apparue la nef blanche. Mais le changelin n’en sait pas plus : il ne connaît pas le domaine des sirènes. En revanche, les pêcheurs du port pourraient renseigner les personnages. L’un des nombreux bateaux qui descend le Rhône jusqu’à la mer pourrait embarquer les personnages afin qu’ils retrouvent à temps Raimond.

A la recherche de Raimond

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Source : BnF, Français 14969, fol. 21, Sirène(s) et marin(s), manuscrit du XIIIe siècle.

A l’embouchure du Rhône, il y a une grotte éclairée d’une lumière surnaturelle que les pêcheurs préfèrent éviter. Là vivent les sirènes, de magnifiques jeunes femmes à queue de poisson, qui se coiffent avec des peignes d’or et protégées par des chiens invisibles. Raimond est assis sur un trône au fond d’une grotte dans laquelle le niveau de l’eau monte peu à peu avec la marée. Bientôt, il finira noyé si les personnages n’interviennent. Mais pour le moment, il est en transe, entouré du beau visage des femmes de son passé : sa première femme, Ermessinde Pelet, comtesse de Melgueil, décédée trois ans par son mariage; ses deuxième et troisème femmes, Béatrice de Béziers et Bourguine de Chypre; sa quatrième, Jeanne d’Angleterre, morte en couche; son actuelle, Eléonore d’Aragon; et même sa mère, Constance de France, qui l’a abandonné quand il n’avait que onze ans.

Les sirènes ne lâcheront pas facilement le comte. C’est un bel homme prêt à leur donner son cœur ! Elles n’accepteront en échange qu’un trésor d’égale valeur, soit le cœur d’un autre homme, soit des étoffes, pierreries, miroir ou autre. Sinon, il va falloir sortir par la force !

Notez que toute personne versée en théologie sait que la meilleure manière de se prémunir contre les charmes des sirènes est, à la manière de Methodius d'Olympe, d'invoquer la parole des prophètes et des apôtres, "agissant comme un bouclier à l'encontre du chant fatal des filles de l'eau, comme dans l'épisode au cours duquel Orphée détourne les Argonautes du chant des sirènes en jouant de la lyre" (E. Brasey, o.c., p. 359)

La mort du légat

Alors qu’ils reviennent vers Saint-Gilles, les personnages aperçoivent de loin les légats qui viennent de traverser le Rhône. Soudain surgit d’un buisson un cavalier, qui frappe d’un coup de lance le légat Pierre de Castelneau qui s’effondre, puis part au grand galop. C’est Thibault de Beaucaire, consumé par la rage et maintenant par la peur de l’acte qu’il a commis, qui est responsable. Jérôme n’avait certes pas prévu l’intervention du changelin; mais il était facile d’imaginer que les légats irriteraient le comte, et maintenant l’assassinat retombera sur lui et déclenchera pour de bon la croisade.

Epilogue

A la suite de cet épisode, Innocent III écrivit le 10 mars 1208 une lettre circulaire aux prélats de France qui marque le début de la croisade :

Innocent, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu à nos fils bien-aimés les nobles hommes, comtes et barons et à tous les habitants des provinces de Narbonne, Embrun, Aix et Vienne, salut et bénédiction apostolique.

Nous venons d'apprendre un événement cruel qui va mettre en deuil l'Eglise tout entière: frère Pierre de Castelnau, de sainte mémoire, moine et prêtre, qui parmi les hommes vertueux se faisait remarquer par sa conduite, son savoir et sa bonne réputation, avait été envoyé par nous avec d'autres dans le midi de la France pour y prêcher la paix et affermir la foi. Dans la tâche qui lui était confiée, il avait réussi d'une façon digne d'éloges et ne cessait d'y réussir. En vérité, c'est à l'école du Christ qu'il avait appris tout ce qu'il prêchait: il était capable d'exhorter le fidèle selon la sainte doctrine et de réfuter les contradicteurs: il était toujours prêt à rendre raison à quiconque l'interrogeait car c'était un homme de foi catholique, de science juridique et de parole éloquente.

Mais le Diable suscita contre lui son ministre … le Comte de Toulouse. Celui-ci, à cause des grands et nombreux excès qu'il avait commis contre Dieu et contre l'Eglise avait souvent encouru la censure ecclésiastique et souvent il s'était fait absoudre après un simulacre de repentir en homme qu'il était rempli de souplesse astucieuse et d'insaisissable inconstance. Comme il était incapable de réfréner la haine qu'il avait conçue contre frère Pierre dont la bouche ne gardait point enfermée la parole de Dieu pour exercer la vengeance sur les nations et répandre les châtiments sur les peuples, poussé en outre par une rage d'autant plus vive qu'il méritait d'être plus fortement réprimandé pour ses crimes, il convoqua à Saint-Gilles le dit frère Pierre et son collègue, légats du siège apostolique, promettant de donner sur tous les points qui lui étaient reprochés une entière satisfaction. Les légats une fois arrivés dans cette ville, le Comte de Toulouse se montra à leur égard tantôt docile et sincère dans ses promesses d'exécuter les ordres qui lui étaient donnés pour son bien, tantôt fourbe et obstiné dans son refus de s'y soumettre. Lorsque les légats décidèrent de se retirer, il les menaça publiquement de mort: il déclara que leur départ, qu'il se fit par terre ou par eau, serait par lui avec soin épié, et aussitôt passant des paroles aux actes, il dressa un guet-apens et y envoya ses complices.

Sourd aux prières de l'Abbé de Saint-Gilles, et aux instances des consuls et des bourgeois qui essayaient vainement de calmer sa fureur, il les vit d'un mauvais oeil conduire malgré lui les légats avec une escorte armée jusqu'au bord du Rhône. A la nuit tombante, les légats s'arrêtèrent pour se reposer sans s'apercevoir que des satellites du comte se tenaient auprès d'eux, et comme la suite l'a prouvé, cherchaient à répandre leur sang. Le lendemain, quand le jour fut levé et la messe célébrée comme de coutume, les vertueux chevaliers du Christ se disposaient à traverser le fleuve quand l'un des susdits satellites de Satan, brandissant sa lance, blessa par derrière entre les côtes ledit Pierre, lequel appuyé fortement sur le Christ comme sur un roc inébranlable, ne s'attendait pas à une pareille trahison. Il regarda pieusement son impie agresseur et, suivant l'exemple de son Maître Jésus-Christ et du bienheureux Etienne, il dit: “Que Dieu te pardonne comme moi je t'ai pardonné”: il redit à plusieurs reprises ces paroles pieuses et résignées, puis l'espoir du ciel lui fit oublier la douleur de la blessure qui le traversait: il continua, pendant que s'approchait le moment de son précieux trépas à régler avec ses compagnons les mesures destinées à promouvoir la paix et la foi et, par plusieurs reprises, il finit par s'endormir bienheureusement dans le Seigneur.

La Paix et la Foi ! C'est la plus noble cause pour souffrir le martyre: c'est pour elle que frère Pierre a versé son sang. Aussi d'éclatants miracles auraient déjà glorifié sa mort, nous en sommes convaincus, sans la présence de ces incrédules, pareils à ceux dont parle l'Evangile: “Jésus ne fit pas beaucoup de miracles en ce lieu à cause de leur incrédulité”. Quoique le miracle des langues fut destiné aux incrédules et non aux croyants, cependant quand notre Sauveur parut devant Hérode (qui au témoignage de Saint-Luc éprouva à sa vue une grande joie parce qu'il espérait lui voir opérer quelque prodige), il ne daigna ni faire de miracle ni répondre à celui qui l'interrogeait, sachant qu'en fait de prodige Hérode cherchait à satisfaire, non le besoin de croire mais la recherche de sa vanité. Si donc cette génération dépravée et perverse n'est pas digne de recevoir de si tôt, comme peut-être elle le cherche, de cet homme qu'elle a fait son martyr le signe qu'elle attend, quant à nous, nous estimons utile qu'un seul soit mort pour l'empêcher de périr tout entière, elle que la contagion de l'hérésie avait contaminée et qui pourra être ramenée de son erreur, mieux par l'appel du sang que par les discours de sa victime. Tel est l'antique artifice de Jésus-Christ, le merveilleux stratagème employé par notre Sauveur: quand on le croit vaincu dans la personne des siens, c'est alors qu'il remporte sur eux sa plus forte victoire, et en vertu de ce même pouvoir par lequel en mourant il a vaincu la mort, il l'emporte en la personne de ses serviteurs sur ceux qui croyaient l'avoir emporté sur eux. Si le grain de blé qui tombe dans le sillon ne meurt pas, il reste seul: mais si au contraire il meurt,il porte beaucoup de fruit. De la mort de ce grain très fécond, nous avons le ferme espoir de voir sortir une riche moisson pour l'Eglise du Christ, car celui-là serait obstinément cruel et cruellement obstiné dont l'âme ne serait pas traversé par un tel glaive.

Le sang de la victime aura, nous n'en doutons pas, une efficacité telle que l'oeuvre de la sainte prédication qu'il avait inauguré dans le midi de la France et pour laquelle il est descendu dans la corruption recevra de Dieu le développement désiré. C'est pourquoi nous estimons devoir avertir et exhorter avec soin nos vénérables frères les archevêques de Narbonne, d'Arles, d'Ambrun, d'Aix et de Vienne ainsi que leur suffragants, et nous leur ordonnons fermement de par le Saint-Esprit et en vertu de l'obéissance qu'ils nous doivent d'arroser et faire germer par leurs prédications la parole de paix et de foi semée par le défunt. Qu'ils travaillent avec un zèle infatigable à combattre la dépravation hérétique et à fortifier la foi catholique, à déraciner les vices et à planter les vertus. Qu'au nom de Dieu le Père tout Puissant et du Fils et du Saint-Esprit, par l'autorité des Saints-Apôtres Pierre et Paul et par la nôtre, dans tous les diocèses, ils déclarent excommuniés et anathèmes le meurtrier du serviteur de Dieu et tous ceux qui ont conseillé, favorisé et aidé son crime. Qu'ils aillent en personne jeter l'interdit sur tous les lieux où se réfugieront les coupables. Que cette condamnation soit solennellement renouvelée les dimanches et jours de fête au son de cloches et à la lueur des cierges, jusqu'à ce que le meurtrier et ses complices se présentent au Siège Apostolique et méritent par une satisfaction convenable d'obtenir l'absolution.

A tous ceux par contre qui, animés par le zèle de la foi catholique pour venger le sang du juste qui élève de la terre au ciel un appel incessant jusqu'à ce que le Dieu des vengeances descende du ciel sur la terre pour la confusion des corrupteurs et des corrompus, à tous ceux donc qui prendront vaillament les armes contre ces pestiférés, ennemis de la vraie foi tout ensemble et de la paix, que les susdits archevêques et évêques garantissent l'indulgence accordée par Dieu et son Vicaire pour la rémission de leurs péchés, et qu'une pareille entreprise suffise à tenir lieu de satisfaction pour les fautes, celles du moins dont une réelle contribution de coeur et une sincère confession de bouche seront offertes au Dieu de Vérité. Ces pestiférés, en effet, ne se contentent plus de viser à la destruction de nos biens, ils cherchent à machiner la perte de nos personnes: non seulement ils aiguisent leurs langues, pour ruiner les âmes, mais ils étendent leurs mains pour prendre les corps; ils pervertissent les âmes et détruisent les corps.

Quant au Comte de Toulouse, déjà frappé d'anathème pour des fautes graves et nombreuses qu'il serait trop long d'énumérer, sa responsabilité dans le meurtre du saint homme ressort d'indices certains: non seulement il l'a publiquement menacé de mort et a dressé un guet-apens contre lui, mais encore il a, dit-on, reçu dans son intimité le meurtrier et lui a donné une forte récompense, sans parler d'autres présomptions qui nous sont clairement apparues. Qu'il soit donc publiquement déclaré anathème pour ce nouveau motif également par les susdits archevêques et évêques. Et, comme selon les canons des saints pères, on ne doit plus garder la fidélité envers celui qui n'a pas gardé sa fidélité envers Dieu et qui est isolé de la communion des fidèles comme un homme à éviter plutôt qu'à fréquenter, que tous ceux qui sont liés audit comte par un serment de fidélité, d'association ou d'alliance soient déclarés par notre autorité apostolique relevés de ce serment. Qu'il soit permis à tout catholique, sous réserve des droits du seigneur principal, non seulement de combattre le comte en personne, mais encore d'occuper et de conserver ses biens , afin que la sagesse d'un nouveau possesseur purge cette terre de l'hérésie dont par la faute du comte elle a été jusqu'ici honteusement souillée: il convient, en effet, que toutes les mains se lèvent contre celui dont la main s'est levée contre tous, et si ce tourment ne lui donne pas l'intelligence, nous aurons soin d'appesantir davantage nos mains sur lui. Par contre, s'il s'engage à donner satisfaction, il conviendra indubitablement qu'il fournisse d'abord les gages suivants de son repentir: qu'il consacre toutes ses forces à expulser les hérétiques et qu'il se hâte d'adhérer à une paix universelle: c'est surtout, en effet, parce que sa culpabilité a été établie sur ces deux points que la censure ecclésiastique a été prononcée contre lui. Et pourtant, si le Seigneur voulait tenir compte de toutes ses iniquités, il ne pourrait guère donner de satisfaction suffisante, non seulement pour lui-même, mais encore pour la foule des autres qu'il a entraînés dans le piège de la damnation.

Selon la parole de vérité, il ne faut pas craindre ceux qui tuent le corps, mais bien celui qui peut envoyer le corps et l'âme en enfer. Aussi nous mettons notre confiance et notre espoir dans celui qui ressuscita le troisième jour afin de libérer ses fidèles de la crainte de la mort pour que la mort du susdit serviteur de Dieu, loin d'effrayer notre vénérable frère l'évêque de Couserans ou notre aimé fils, l'Abbé de Citeaux, légats du Siège Apostolique, et les autres fidèles catholiques, excite au contraire leur ardeur: qu'ils suivent l'exemple de celui qui a eu le bonheur de gagner la vie éternelle au prix d'une mort temporelle: qu'ils ne craignent pas d'exposer au besoin dans un si glorieux combat leur vie pour le Christ. C'est pourquoi nous estimons devoir conseiller et commander aux archevêques et évêques susdits, corroborant nos prières par nos ordres et nos ordres par nos prières, de tenir scrupuleusement compte des avis et commandements salutaires de nos légats et de collaborer avec eux comme de vaillants frères d'armes dans tout ce que ceux-ci leur enjoindront. Nous ordonnons, sachez-le, de respecter et d'exécuter inviolablement toute sentence que nos légats prononceraient contre les rebelles ou même contre des nonchalants.

En avant, chevaliers du Christ ! En avant, courageuses recrues de l'armée chrétienne ! Que l'universel cri de douleur de la sainte Eglise vous entraîne ! Qu'un zèle pieux vous enflamme pour venger une si grande offense faite à votre Dieu ! Souvenez-vous que votre Créateur n'avait nul besoin de vous quand il vous créa. Mais, bien qu'il puisse se passer de votre concours, néanmoins, comme si votre aide lui permettait d'agir avec plus d'efficacité, comme si votre carence affaiblissait sa Toute-Puissance, il vous donne aujourd'hui l'occasion de le servir d'une manière qui soit digne de lui. Depuis le meurtre de ce juste, l'Eglise de ce pays reste sans consolateur, assise dans la tristesse et dans les larmes. La foi, dit-on, s'en est allée, la paix est morte, la peste hérétique et la rage guerrière ont pris des forces nouvelles: la barque de l'Eglise est exposée à un naufrage total si dans cette tempête inouïe on ne lui apporte un puissant secours. C'est pourquoi nous vous prions de bien entendre nos avertissements, nous vous exhortons avec bienveillance, nous vous enjoignons avec confiance au nom du Christ, devant un tel péril nous vous promettons la rémission de vos péchés afin que sans tarder vous portiez remède à de si grands dangers. Efforcez-vous de pacifier ces populations au nom du Dieu de paix et d'amour. Appliquez-vous à détruire l'hérésie par tous les moyens que Dieu vous inspirera. Avec plus d'assurance encore que les Sarrasins car ils sont plus dangereux, combattez les hérétiques d'une main puissante et d'un bras étendu. Pour ce qui est du comte de Toulouse qui semble avoir fait un pacte avec la mort et ne pas songer à la sienne, si par hasard le tourment lui donne l'intelligence et si son visage, couvert d'ignominie commence à demander le nom de Dieu, continuer à faire peser sur lui la menace jusqu'à ce qu'il nous donne satisfaction, à nous, à l'Eglise et à Dieu. Chassez-le, lui et ses complices, des tentes du Seigneur. Dépouillez-les de leurs terres afin que les habitants catholiques y soient substitués aux hérétiques éliminés et, conformément à la discipline de la foi orthodoxe qui est la votre, servent en présence de Dieu dans la sainteté et dans la justice.

Donné au Latran, le six des Ides de Mars, l'an II de notre pontificat.

(Source : P. Guébin, H. Maisonneuve, Histoire Albigeoise, nouvelle traduction de l'Historia Albigensis de Pierre des Vaux-de-Cernay, Librairie Philosophique J. Vrin, Paris, 1951, p. 25-32)

Les personnages n’ont qu’à bien se tenir !


Rafaël Jafferali

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